(Ce qui suit est une traduction de
l'article publié par le Blavatsky Study Center et dont vous pouvez lire le
texte original en anglais ici.)
L'OMBRE DE LA THÉOSOPHIE
[Un regard critique sur les affirmations et
les enseignements d'Alice Bailey]
Par Nicholas Weeks
(Cet article est une version révisée et développée d’un
article paru dans le numéro d’été de 1997 du magazine Fohat publié par
la Société Théosophique d’Edmonton, Alberta, Canada.)
"Les hommes doivent d’abord apprendre à aimer la
vérité avant d'y croire en elle." [1]
Cet article
vise principalement à éclairer ceux qui sont attirés par les livres d'Alice
Bailey en leur montrant que l’affirmation d'Alice Bailey que ses enseignements
proviennent de la même fraternité qu’ont enseignée à Blavatsky n'est pas
valable.
Par conséquent,
la brève analyse qui sera faite ici n’est pas pour savoir si les écrits de
Bailey sont inspirants, merveilleux ou contiennent une vérité. Mais simplement
pour savoir si Helena Blavatsky et Alice Bailey avaient les mêmes mentors,
comme Mme Bailey l’a tant de fois affirmée puisqu’elle prétendait que son guide
"le Tibétain" était Djwal Khul qui fut l'un des principaux disciples
de Maître Kuthumi.
Cependant cet
article montrera que le prétendu "tibétain" n'était pas le vrai Djwal
Khul et qu’il ne travaillait pas avec la confrérie des adeptes mentionnés par
Blavatsky.
ALICE BAILEY S’EST BASÉE SUR LA
PSEUDO-THÉOSOPHIE INVENTÉE PAR LEADBEATER ET NON PAS SUR LA VÉRITABLE THÉOSOPHIE
Alice Bailey a
affirmé que ses enseignements étaient fondés sur la théosophie enseignée par
Blavatsky et les Maîtres de sagesse. Mais cette affirmation est fausse, car ses
livres sont en réalité enracinés dans la pseudo-théosophie inventée plus tard par
Charles Leadbeater.
Par exemple,
l'une des inventions préférées de Leadbeater était de prétendre que le Seigneur
"Christ-Maitreya" allait bientôt revenir sur terre (et ceci en dépit
du fait que la théosophie et le bouddhisme affirment qu'il manque encore
beaucoup de temps avant qu'un nouveau Messie réapparaisse sur la planète).
Mais Alice
Bailey a pleinement accepté cette fantaisie et elle a placé une immense valeur
spirituelle dans la récitation continuelle de "La Grande Invocation" [2]
qui était censée amener Christ et ses Maîtres à abandonner leurs ashrams cachés
dans les Himalaya pour entrer dans les grandes villes et ainsi commencer à
dicter la rédemption de la société dans le nouvel Âge du Verseau.
Cependant la
véritable théosophie de Blavatsky et de ses Maîtres insiste sur la connexion du
principe du Christ au sein de chaque personne.
Comme Blavatsky
l'a expliqué :
« La théologie chrétienne fait
croire à la descente du Moi spirituel vers le moi inférieur, tandis que la théosophie
insiste sur la nécessité de s'efforcer de s'élever à la vibration divine (ce
que les Occidentaux appellent "le Christ"). »
(La
clé de la théosophie, p.155)
Et la découverte
de notre nature divine en chacun de nous, élève chaque individu (tout comme ça
a été le cas de Jésus lorsqu'il a découvert sa nature divine, et ainsi il est
devenu Jésus-Christ) et cela va progressivement arriver au reste de l'humanité.
À QUI ÉCOUTAIT ALICE BAILEY ?
Des personnes
comme Alice Bailey peuvent être sincèrement convaincues que les voix qu’elles écoutent
proviennent de véritables maîtres. Mais malheureusement la sincérité n'est pas
une protection contre l'illusion.
Et pour le
prouver, en 1884, Maître Kuthumi lui écrivit à une femme qui avait ses facultés
psychiques éveillées, lui avertissant de l'hallucination dans laquelle elle
pourrait tomber :
« Je crains que vous viviez
actuellement uniquement de mauvaises expériences dans le domaine du psychisme à
cause que vous venez à peine d'apprendre les éléments de la maîtrise de soi.
Et c’est
pourquoi vous générez sur vous-même des influences souvent mauvaises que vous-même
absorbez. Et donc vous êtes continuellement psychiquement étouffé par ces
mauvaises influences.
Et à cela il
faut ajuter le fait que l'air est rempli de fantômes ressuscités qui vous
donnent de faux signaux et des révélations trompeuses. Et ainsi la fantaisie
créative de ces entités trompeuses fait apparaître des «maîtres» et «guides»
qui sont des illusions et qui vous disent des choses qu’en réalité sont d'une
partie de votre esprit que vous ne connaissez pas encore.
Le faux
apparaît comme réel et vous ne disposez pas encore d'une méthode de détection
exacte, car vous avez toujours tendance à forcer vos communications et à
accepter vos idées préconçues. »
(Extrait
d'une lettre que Maître Kuthumi a écrite à Laura Holloway en 1884)
Par conséquent,
les efforts visant à discerner la réalité de l'illusion ne devraient pas se
limiter à nos périodes d'étude et de méditation, mais devraient également
s'appliquer à notre vie quotidienne.
Et si les étudiants
d’Alice Bailey se donnaient la peine d’étudier aussi l’enseignement originel apporté
par les Maîtres de sagesse, ils se rendraient compte qu’il y a des grandes
différences avec l’enseignement apporté par le Tibétain.
Et à
continuation je vous donne quelques exemples pour vous le démontrer :
1) CONTRASTER
LES BUTS ET OBJECTIFS PRINCIPAUX
A) La
définition donnée par Kuthumi et le Tibétain sur Dieu
Sur ce thème Maître
Kuthumi a exprimé ce qui suit :
« Le Dieu des théologiens est
simplement un pouvoir imaginaire et notre objectif principal est de libérer à
l'humanité de ce cauchemar pour lui enseigner aux humains à pratiquer la vertu
par la vertu même, et ainsi marcher dans la vie en faisant confiance à soi-même
au lieu de s’appuyer sur une béquille théologique qui pendant d'innombrables
siècles a été la cause directe d’une grande partie de la misère humaine.
Les meilleurs adeptes
ont parcouru l'Univers pendant des millénaires et ils n'ont trouvé nulle part
la moindre trace du Dieu des religions, mais seulement la même Loi immuable et
inexorable partout. »
(Lettres
Mahatma, p.53 et 142-143)
Examinons
maintenant la définition donnée par le Tibétain à propos de sa vision de la
divinité :
« Les lois divines présupposent
l’existence d’un être supérieur [Dieu] doté d'un but et qui aidé par
l'intelligence, il coordonne ses forces de telle manière qu'un plan de façon
séquentielle et constante est en train de s’accomplir. ... Une loi n'est que
l'impulsion spirituelle, l'incitation et la manifestation de la vie de cet être
supérieur dans lequel [une personne] vit et se déplace. ... [Une loi] est
l'agent revitalisant et purifiant qui conduit cette personne et toutes les
créatures de Dieu à une glorieuse consommation. »
(Un
traité de magie blanche, p.10-11)
Nous voyons donc
que cet être supérieur mentionné par le Tibétain n’a pas besoin d’aucune
évolution auto-induite puisque cet être est une loi par lui-même. Et l'Église a
prêché ceci pendant des centaines d'années.
Selon le
Tibétain, la loi de Dieu nous mènera simplement à un extrême sublime. Et pour
cela, tout ce que nous avons à faire est de passer comme on peut "à
travers notre intérieur tout ce que nous recevons de cet élan de vie spirituelle".
(Ibid)
Et comme vous
pouvez le constater, cette théologie New Age semble très familière, puisque le
Tibétain a simplement remplacé l'ancien Dieu religieux prosaïque et son nuage d'anges
par le Logos solaire et les devas. Et il a également remplacé Jésus et ses
apôtres par le Seigneur Christ-Maitreya et ses disciples.
Nous voyons
donc que le Tibétain professe la même croyance que la religion catholique, mais
avec d'autres termes (avec des termes ésotériques). Mais c'est la même doctrine
que les Maîtres de Blavatsky rejettent.
Et le problème d'un Dieu personnel ou d'un Principe
impersonnel est-il vraiment important ?
Maître Kuthumi
a répondu à cette question en disant ceci :
« Vous dites que ce n’est pas
important si ces lois divines sont l'expression de la volonté d'un Dieu
conscient et intelligent, tel que vous et les religions le pense, ou si elles
constituent les attributs inévitables d'un "Dieu" inintelligent et
inconscient, tel que je le maintiens.
Mais je vous
dis que cela compte énormément car les lois immuables ne peuvent pas surgir,
puisqu'elles sont incréées et impulsées dans l'éternité, et Dieu lui-même ne
pourrait jamais avoir le pouvoir de les arrêter. »
(Lettres
Mahatma, p.143 et 141)
Et Maître
Kuthumi a également ajouté que :
« L'ABC de tout ce que je sais et
le rocher sur lequel sont fondés les secrets de l'univers sont la certitude
qu'il n'y a pas ce Dieu personnel prêché par la religion, mais seulement les
pulsations régulières et inconscientes de l'Esprit infini qui sont l'impulsion éternelle
et universelle de la Nature cosmique elle-même. »
(Lettres
Mahatma, p.143 et 138)
Donc nous voyons que les explications de Maître Kuthumi
et du Tibétain (qui était censé être son disciple) sont complètement opposées.
B) La hiérarchie divine
Les livres d’Alice
Bailey ont pour propos de nous informer sur la Hiérarchie (et non seulement la hiérarchie
de la terre, mais aussi de celle du système solaire, de Sirius et au-delà) sur
sa constitution, son travail, ses objectifs, ses principaux membres et ses
projets.
Mais si la
fraternité mentionnée par Blavatsky est appelée "occulte", c'est pour
une très bonne raison et c'est parce que très peu sur elle peut être dit car
beaucoup d'informations sont encore réservées aux initiés. Et c'est pourquoi
Blavatsky a fourni très peu de détails sur ce sujet, contrairement aux traités
ésotériques bien artificiels d’Alice Bailey.
C) L'utilisation
de la prière
Et la vision de
Bailey selon laquelle le mouvement théosophique tourne autour de l'humanité,
invoquant un avatar et sa hiérarchie externe, est également complètement
opposée à la théosophie enseignée par Blavatsky et les Maîtres.
Pour commencer,
les théosophes "tentent de remplacer la prière stérile et inutile pour des
actions méritoires qui donnent de bons résultats". [3]
Au lieu de cela,
Alice Bailey a recommandé de réciter autant que possible une prière qu'elle
avait intitulée "La Grande Invocation" pour prier le Christ et
ses maîtres disciples de venir nous sauver.
Comme si les maîtres
et les avatars étaient indifférents et ignorants des épreuves et des
souffrances par lesquelles passe l’humanité, et par conséquent pour venir nous
aider il faudrait d’abord que des millions d’êtres humains les supplient !!!
D) Les
Avatars
Il est vrai que
la question de savoir pourquoi et comment les avatars descendent est profonde.
Dans les
enseignements de Blavatsky il est mentionné que les causes et les conditions
sont telles qu'il existe une graine divine pour tous les avatars, cela se fait
dans certains cycles de temps et le soleil spirituel est comme source. [4]
Et c'est
pourquoi Bhavani Shankar (qui était un disciple de Maître Kuthumi) a écrit que
"le Principe Divin répond parfois à quelqu'un qui devient un haut adepte
en envoyant un avatar". [5]
Par contre, l’idée
d’une Fraternité Occulte encourageant l’humanité à prier pour attirer l’aide
des avatars c'est une invention d'Alice Bailey, puisque la vraie théosophie dit
que :
"Le travail actif est la prière." [6]
Et bien que la
supplication des masses souffrantes pour l'aide divine soit une attitude
compréhensible et ancienne, cela n'a aucun effet sur les avatars comme le
prétend Bailey.
Et c’est parce
que la Fraternité Occulte connaît les cycles karmiques de l’humanité et nous
aide réellement chaque fois qu’elle le peut (même en fournissant des avatars
quand le karma le permet et pas seulement quand nous le voulons).
Mais beaucoup
de gens sont désireux d'avoir une présence constante des avatars et les maîtres
guidant leur vie et leur civilisation. Et c’est exactement ce que promettent
Bailey et Leadbeater (et une grande partie des gourous du Nouvel Âge). Et c’est
pour cette raison que ces instructeurs sont devenus si populaires. Parce qu'ils
disent aux gens ce que les gens veulent entendre et non pas ce qu'ils doivent
savoir.
Au lieu de
cela, la théosophie explique que l'évolution spirituelle a lieu grâce à nos
"propres efforts auto-induits et développés par nous-mêmes" [7]. Et pas à cause de nos prières et invocations
pour que le Christ et sa hiérarchie viennent sur terre.
De l’autre
côté, le Tibétain dit que le Christ ne viendra que lorsque l’humanité aura fait
preuve de bonne foi en se raffinant psychiquement et socialement. Mais ceci est
contraire à la vision traditionnelle des avatars, laquelle est exprimée dans la
Bhagavad Gita (4, 6-8) et où il est expliqué que le Seigneur vient quand
la vertu s’est presque éteinte pour justement la rallumer.
Et une grande
partie des écrits d’Alice Bailey tournent autour de la préparation du lecteur à
cet avènement, en préconisant l'étude purificatoire, la méditation et la
proclamation de la réapparition du Christ.
Selon elle,
cette préparation nécessite d’une vaste lecture et d’une réflexion sur les
relations politiques et sociales de ce monde, ainsi que sur l'initiation, la
psychologie, la télépathie, l'astrologie, la guérison, les sept rayons, etc.
Et cette
trompette de la venue du Christ avec sa hiérarchie d'enseignants a été énoncée
pendant de nombreuses décennies. Mais quand un véritable avatar descend, ce
n'est pas annoncé par des milliers de promoteurs qui prient et crient son
arrivée dans les années à venir.
Blavatsky a
écrit que l'approche des maîtres "ne peut se faire qu'en montant sur le
plan spirituel où ils se trouvent et en n'essayant pas de les attirer vers le
nôtre". [8]
Et considérons
une autre citation de Blavatsky où elle met en évidence la dépendance
spirituelle des humains et la nature impersonnelle de la divinité avancée :
« Chaque être humain est une
incarnation de son Dieu [Soi Supérieur] ... Et c'est pourquoi, comme beaucoup
d'hommes sur la terre, il y a tant de dieux au Ciel. Mais ces dieux sont
vraiment Un, car à la fin de chaque période d'activité, ils se retirent comme
les rayons du soleil couchant sur le Père Cosmique qui est le Logos non
manifesté et qui à son tour se fond dans l'Absolu.
Nos prières et
nos supplications sont vaines, à moins d'ajouter des mots puissants à des mots
potentiels et de rendre l'aura qui entoure chacun de nous tellement pure et
divine que Dieu en nous puisse agir de manière extérieure.
Par conséquent,
les prières adressées au "Père céleste", telles qu'elles sont effectuées
par les religieux, produisent généralement des résultats plus souvent
désastreux que bénéfiques. »
(Collected
Writings 12, p.533-535)
Et le fait que
depuis des milliers d'années la plupart des gens n'aient pas révélé leur propre
divinité intérieure, comme est suggéré ci-dessus, est l'une des raisons pour
lesquelles le mouvement théosophique est réapparu au XIXe siècle pour essayer
de contrecarrer cette tendance séparatiste d'invoquer une divinité personnifiée
externe.
Et puisque la
"Grande Invocation" d’Alice Bailey doit (selon elle) être
priée par les masses de manière conventionnelle, elle s'oppose à l'attitude
auto-dépendante et philosophiquement athée suggérée par la Fraternité des
Maîtres.
Mais en plus,
Qu'est-ce qu'un disciple de la théosophie devrait croire
(et recommander aux autres) pour soumettre ses passions et son égoïsme, et
ainsi encourager la rédemption planétaire ?
Blavatsky répond :
"Il doit le faire dans son moi supérieur, dans
l'Esprit divin, dans le Dieu qui est en lui et ... dans son karma." [9]
Et Karma (dans
un aspect supérieur) signifie l'altruisme dans la pensée, la parole et les
actions. Cela signifie pratiquer la "vertu par elle-même", non pas
pour accélérer la descente du Christ et de la Hiérarchie, mais pour nous permettre
à nous-mêmes de nous élever.
E) Devons-nous
vénérer les maîtres ?
Alice Bailey incite
à la vénération des maîtres, mais les maîtres n’aiment pas cette vénération. Et
voici quelques exemples :
Un des maîtres lui
a écrit au Colonel Olcott dans les années 1870 :
« Agissez comme si nous n'existions pas,
remplissez au mieux votre devoir et laissez les résultats se prendre en charge.
N'attendez rien de notre part, mais restez prêt à tout. »
(The
Theosophist, août 1906, p.829-830)
Et dans une
autre occasion, une adepte lui réclama à Annie Besant pour l'attitude de culte qu’elle
développait dans la Société Théosophique. Et Alice Bailey dans son autobiographie
a également critiqué cette attitude entretenue par Mme Besant.
Cependant, la
façon dont Alice Bailey a écrit sur la Hiérarchie pendant trente ans (de 1919 à
1949) a été tout aussi mauvaise que celle faite par la Société Théosophique d’Adyar
pendant cette même période.
L'adepte
écrivit ce qui suit à Mme Besant :
« Pourquoi développez-vous le culte
d'une nouvelle Trinité composée par Morya, Blavatsky et vous-même [Annie Besant] ?
Est-ce que vous incitez à remplacer les credo déjà exploités ?
Nous ne demandons
pas d'être vénéré. Par conséquent cette vénération envers les "Maîtres"
doit être fermement arrêtée. Que la dévotion et le service ne soient dirigés
que vers cet Esprit suprême dont nous faisons tous partie.
Nous travaillons
dans l’anonymat et les références continues que les gens portent à nous, ainsi que
la répétition de nos noms, créent une aura confuse qui rend notre travail
difficile. »
(The
Eclectic Theosophist, septembre-octobre 1987)
Cette Trinité
de Blavatsky, Morya et Annie Besant (heureusement) n'a jamais été présentée par
Alice Bailey. Mais au lieu de cela, Bailey a choisi de promouvoir la Trinité
composée du Manu, du Mahachohan et du Bodhisattva (et qui est une autre fausse
invention de Leadbeater).
Et si le
travail des adeptes était entravé par l'aura confuse générée par les membres de
la Société Théosophique d'Adyar en 1900 sous le commandement d'Annie Besant,
Alice Bailey a rendu encore plus difficile son travail avec la Grande
Invocation, l'École Arcane, etc.
2) CONTRASTER LES THÈMES CLÉS
A) Le but d'une école ésotérique
L'un des thèmes
les plus omniprésents dans le travail et l'écriture d'Alice Bailey est la
recherche fébrile d'un statut spirituel. Dans la mesure où les deux premiers
livres du tibétain [10] étaient consacrés à l'initiation et à
la méditation occulte.
Plusieurs
autres livres se sont concentrés exclusivement sur leur variante de disciple et
sur le chemin spirituel. Mais presque tous les textes qu'Alice Bailey a
canalisés sont fortement colorés par une défense du disciple.
Et après moins
de cinq ans de son premier livre, Alice Bailey a formé l’École Arcane, mais
cette organisation est le genre de pépinière pour les occultistes avec qui les
Maîtres Blavatsky n’auraient rien à faire.
Le livre de
Bailey sur la méditation occulte donne même le programme d'une université occulte prophétisée. Mais Maître
Kuthumi a écrit que "celui qui n'est pas aussi pur qu'un petit enfant
devrait laisser ses élèves meilleurs seuls". [11]
Et Blavatsky a
dit aux théosophistes américains :
« La Société Théosophique n'a pas été
fondée en tant que pépinière pour générer une réserve d'occultistes. Sa
création avait pour but d'arrêter le courant du matérialisme qui augmentait
dangereusement. Et non seulement une négation antiphilosophique du pur esprit,
mais aussi les conséquences que l'incrédulité entraîne pour toutes les choses
qui ne sont pas matérielles. Une incrédulité qui a conduit à beaucoup de gens vers
une croyance aveugle en la matérialisation de l'Esprit. »
(Collected
Writings 9, p.244)
La Doctrine
Secrète mentionne "les goûts dépravés de l'humanité qui aspire à la
matérialisation du principe immatériel et inconnaissable". [12]
Et les écrits
d'Alice Bailey répondent à cette faiblesse humaine en voulant avoir la divinité
dans des faits compréhensibles pour notre esprit personnel. Au lieu d'élever
notre conscience personnelle à notre vraie nature spirituelle afin que nous
puissions connaître l'Esprit divin en vérité.
Mais la plupart d'entre nous préfèrent la fiction
confortable.
B) La relation de la hiérarchie avec les
hommes
Une autre
question clé est la nature et la relation que la Fraternité Occulte a avec
l’humanité.
Selon Bailey,
- L'un des principaux objectifs de la hiérarchie était de préparer l'humanité à la réapparition du Christ. [13]
- Et en plus de la seconde venue du Christ, il y aurait aussi une extériorisation de la Hiérarchie. Ce qui impliquerait que plusieurs des Maîtres descendraient du plan éthérique et occuperaient des logements dans plusieurs villes du monde.
Un livre entier [14] ainsi que de nombreux passages de ses autres volumes, exposent
sur ce sujet. Et selon elle, les Maîtres (en tant que fonctionnaires
planétaires obéissants) se répartiront entre eux des tâches liées à l'économie,
à la religion, à l'éducation, etc. Et à ce moment-là, ils procéderont à la
tâche de diriger le nouvel ordre mondial prévu.
Par contre,
Blavatsky et ses maîtres présentent la Fraternité Occulte comme très éloignée
des affaires de la société. Ce qui n’est pas surprenant dans la mesure où ils
sont libérés des préoccupations égoïstes et mondaines et n’ont aucun intérêt à
casser la roue de notre civilisation banale et matérialiste.
Et en tant que bodhisattvas,
ils aident mais étant au service de la loi immuable du karma, "ils ne
peuvent empêcher le monde d'aller dans la direction que les hommes veulent". [15]
Et c'est
pourquoi Blavatsky a écrit à ce sujet :
« Plus l'adepte devient spirituel,
moins il peut interférer dans des affaires mondaines, et par conséquent plus l'adepte
doit se limiter à aider dans un travail spirituel.
Les très grands
adeptes aident donc l’humanité, mais seulement spirituellement, car ils sont
constitutionnellement incapables de s’immiscer dans les affaires ordinaires.
Seuls les
disciples peuvent vivre dans le monde jusqu'à ce qu'ils atteignent un certain
degré d'initiation. »
(Collected
Writings 6, p.247)
3) CONTRASTER LES MÉTHODES D'ENSEIGNEMENT
Plusieurs
chercheurs ont déjà fait remarquer qu’en ce qui concerne la méthode
d’enseignement utilisée par Alice Bailey, elle se caractérise par une
déclaration constante avec peu ou pas de preuves qui la soutiennent.
Et c'est
pourquoi Alice Cleather, qui était une élève de Blavatsky, écrivit à ce sujet
en 1929 :
« "Réduire". Qu'est-ce que
tout cela signifie? Simplement les prétentions incontrôlées (et invérifiables)
de Mme Bailey, pour la validité desquelles elle affirme l'autorité "non
contrôlée" (et non vérifiable) de son "Tibétain". »
(Theosophical
Notes Special Paper, Sept. 1963, p. 14)
Et Victor
Endersby a noté que :
« Il y a un abîme monumental entre
la manière dont Alice Bailey présente son enseignement et comme le fait
Blavatsky. L'exposé de Blavatsky est accompagné de nombreuses preuves, qui
n'apparaissent pas dans le travail de Bailey et dont la structure
d'enseignement repose principalement sur ses propres déclarations.
Mais une chose
est sûre: quels que soient les instructeurs d'Alice Bailey, il ne s'agissait
pas des mêmes instructeurs de Blavatsky, ce qui est démontré par l'énorme
différence entre les deux enseignements. »
(Theosophical
Notes Special Paper, Sept. 1963, p. 40)
Et en 1882,
Morya écrivit :
« Un sentiment de dépendance
constante à l’égard d’une divinité qu’il considère comme la seule source de
pouvoir fait que l’homme perde toute confiance en soi pour l’activité et
l’initiative.
Ayant inventé
un "Père céleste", il devient comme un garçon et ainsi il reste dans
sa vieillesse, attendant d’être guidé par la main divine jusque dans les plus
petits événements de sa vie.
Les fondateurs [16]
ils n'ont prié aucune divinité lorsqu'ils ont fondé la Société Théosophique, et
ils n'ont pas demandé leur aide depuis lors.
Quels sont les vrais péchés de l'homme ?
Le plus grand
est leur besoin de dépendre d'un Dieu, puisque cette attitude n'est pas une
piété digne, mais une faiblesse indolente et égoïste. Et même si la vanité
murmure autrement, écoutez simplement votre bon sens. »
(Les
lettres des maîtres de sagesse, Première série, p.107)
Bien que les
"pécheurs" mentionnés par Morya fussent des hindous du XIX siècle,
Alice Bailey, son Tibétain et ses disciples partagent la même attitude
engendrant avec leur enseignement le désir indolent et égoïste que Sanat
Kumara, Christ et les Maîtres purifier l'humanité du karma sans que les humains
aient à faire l'effort nécessaire.
CONCLUSION
Ceci n’a été que quelques-uns des sujets (à peine
touchés) qui devraient être étudiés de près par ceux qui veulent comprendre
pourquoi la théosophie et la pseudo-théosophie sont si différentes. Mais malgré
sa brièveté, les sujets mentionnés sont suffisamment illustratifs pour
démontrer que les guides d'Alice Bailey n'ont rien à voir avec les maîtres de
Blavatsky. Et cela montre qu'Alice Bailey a menti dans ses affirmations.
NOTES
- Blavatsky Collected Writings, vol 11, p.49
- On peut le trouver dans n'importe lequel des livres de Bailey.
- La Clé de la Théosophie, p.70
- Voir Blavatsky Collected Writings, vol. 14 et La Doctrine Secrète
- Voir Doctrine du Bhagavad Gita , Concord Grove Press, chap. 3
- Blavatsky Collected Writings, vol. 9, p.69
- La Doctrine Secrète, TUP, vol. 1, p.17
- Blavatsky Collected Writings, vol. 12, p.492
- La Clé de la Théosophie, p.73
- Initiation humaine et solaire et Lettres sur la méditation
- Lettres des maîtres de sagesse, Première série, TPH, 1948, p.34
- Blavatsky Collected Writings, vol. 2, p.503
- En témoignage de son livre La Réapparition du Christ, 1948.
- Voir L'Externalisation de la Hiérarchie
- Les Lettres Mahatma dans l'ordre chronologique, TPH, 1993, p.474.
- HP Blavatsky, WQ Judge et HS Olcott
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